L’objectif est la destruction des cellules embryonnaires de futurs poils, qui sont situées à leur base (cellules du « bulge »).
Dans l’évolution des espèces, les poils auraient la même origine que les plumes et les écailles… Nos ancêtres lointains auraient été fort poilus, puis la pilosité de l’espèce humaine aurait commencé à se réduire nettement il y a plus de 100.000 ans, période d’apparition probable des vêtements. Il n’en reste pas moins que nous sommes pourvus de plus de 5 millions de follicules pileux (4 millions sur le corps, 1 million sur la tête) avec une densité variable selon la zone: 10/cm² en moyenne sur le corps, 50/cm² sur la tête, et qu’ils nous embêtent!
Les poils poussent, meurent, tombent et sont remplacés par de nouveaux venus qui proviennent de cellules embryonnaires de poils, ou cellules souches pilaires, situées dans le bulge, petite structure voisine de la racine du poil. Ce sont ces cellules qui sont notre cible dans les techniques d’épilation « définitive » (ou simplement « durable »: difficile de promettre du 100% en médecine…): si elles sont toutes éliminées, les poils ne poussent plus… avec des aléas liés aux caprices de la nature sur lesquels nous n’avons pas toujours de prise: origines ethniques avec pilosité vigoureuse et tenace, niveaux de sécrétions hormonales, âge, zones du corps… Ainsi, par exemple, chez une même personne, les poils des demi-jambes vont être éliminés facilement, alors que le haut du maillot ou les orteils s’accrochent. Chez une autre, ce sera différent…
L’épilation définitive est devenue possible au départ grâce à l’épilation électrique, une technique d’élimination poil par poil qui utilise une micro-aiguille que l’on insère dans l’orifice naturel du poil pour détruire, par une petite décharge, ces cellules embryonnaires. Puis les Lasers sont apparus il y a une trentaine d’années, dont l’efficacité est basée sur la réaction violente entre la lumière du laser et la mélanine du poil; celui-ci chauffe très fortement dans la peau et détruit les cellules voisines par la chaleur.
Cependant, ces cellules sont situées uniquement à la base des poils « adultes » (matures), or ceux-ci ne représentent que 15% de l’ensemble des poils présents dans la peau. Il existe donc aussi 85% de poils immatures, « souterrains », qui ne sont pas affectés par le laser, et en tout cas ne sont pas utiles à toucher puisqu’ils ne présentent pas encore les cellules embryonnaires.
De ce fait, le nombre minimum théorique de séances pour débarrasser une zone de tous ses poils est de sept (7 x 15% = 105%…), avec les variations individuelles indiquées plus haut… L’intervalle entre les séances est en moyenne de 8 semaines, mais là aussi on voit de nombreuses variations (zone du corps, couleur, duvet…).
Après le traitement, peu importe que les poils visibles disparaissent immédiatement ou pas. Ce qui compte est que l’on soit sûr qu’ils ont suffisamment chauffé pour détruire les cellules embryonnaires, ce qui est visible grâce aux petites étincelles qui apparaissent lors du passage sur la peau du faisceau laser, et éventuellement des sortes de « boutons » qui sont visibles pendant une heure après la séance. Et en deux à trois semaines, les petits bouts de poils touchés par le laser vont tomber…
Mais comment le Laser fonctionne-t-il? Cible-t-il chaque poil individuellement? Non, car en réalité, toute la surface de la peau est balayée par le faisceau laser.
Le Laser est une lumière, très puissante, d’une seule longueur d’onde (c’est-à-dire d’une seule couleur, par exemple le rouge; ou encore invisible, dans le cas de l’infra-rouge), qui réagit avec certains éléments de la peau et du poil: Mélanine (pigment noir), Hémoglobine (un constituant du sang), Eau (présente dans toutes nos cellules et autour d’elles, en abondance). Et la rencontre est explosive: le poil brûle dans la peau!
En résumé, le laser brûle le poil, qui échauffe fortement les cellules embryonnaires voisines, c’est pourquoi ce poil-là ne repoussera plus. Et les poils qui vont réapparaître sont ceux qui étaient cachés dans la peau lors du précédent passage du laser, ce ne sont donc pas « les mêmes qui repoussent »…
Selon le type de laser, la réaction est plus ou moins violente, avec deux conséquences, l’efficacité et la sécurité:
– côté efficacité, le souci est de savoir si la destruction des poils (et des cellules embryonnaires voisines) est suffisante;
– côté sécurité, la question est d’être sûr que la peau (qui contient aussi de la mélanine) ne sera pas abîmée…
Le laser Alexandrite est le plus répandu, car c’est le premier à avoir été développé historiquement pour le poil. Mais sa réactivité vis-à-vis de la mélanine est extrêmement violente. Il ne peut donc pas être utilisé sur les peaux bronzées (très concentrées en mélanine), ni sur les poils clairs (qui contiennent très peu de mélanine) car cela nécessiterait de monter trop haut en énergie, donc risquerait de brûler la peau… ce qui est très fréquent! Les seuls sujets éligibles pour cette technique sont donc: peau blanche, poils noirs…
Heureusement, on dispose d’un autre laser, le Nd:YAG, qui existe depuis très longtemps et qui a de multiples autres applications. Il agit également sur la mélanine, mais moins violemment, ainsi que sur l’eau qui est dans la peau et sur les micro-vaisseaux sanguins de la racine du poil. Au total, par cette triple action, il est tout aussi efficace mais beaucoup plus sûr pour la peau. C’est d’ailleurs pour cela que ce laser est utilisable sur toutes les peaux, même bronzées et noires, et sur tous les types de poils, noirs, châtains, blonds, certains poils roux et même le duvet. Bien entendu, qui peut le plus peut le moins: il est donc parfaitement efficace aussi chez les blancs à poils noirs!!! L’avantage qui découle de toutes ces propriétés est la possibilité de traiter tout le monde, même en été!
Les poils blancs restent un vrai défi. Nous avons mis au point dans notre équipe un nouveau protocole qui permet cependant de les éliminer.